mardi 15 septembre 2015

Arielle

Salut à tous et à toutes!

Sans aucun doute, une des meilleures façons à améliorer votre français, c'est de lire. Aujourd'hui,j'ai l'honneur de vous présenter un ouvrage de ma meilleure amie. Si vous ne le savez pas encore, elle étudie aussi le français et pense à devenir, comme moi, une prof de français à l'avenir. Elle a écrit cette petite histoire pendant un cours de français auquel elle a assisté pendant son séjour à Trois-Pistoles cet été. Pour vous avertir au début, l'histoire est un peu sombre et triste, mais c'est vraiment bien écrit ! Je pense que vous allez en profiter !



Arielle

Par C.K



Parapluie dans une main, canne dans l’autre, Monsieur Bouchard partira pour Chez Boogie. Il pleuvait très fort ce soir là dans la petite ville de Trois-Pistoles, mais cela ne l’a jamais empêché de sortir chaque soir avant le coucher de soleil. Comme d’habitude, il a pris la Rue de la Congrégation pour éviter les adolescents de l’école. Il détestait les jeunes. « Des petits voyous qui ne servent à rien sauf montrer une manque de respect envers les aînés » bredouillait-il toujours.  

Lorsqu’il est arrivé au bar, il s’est dirigé directement au comptoir. Il ne parla a personne, sauf au barman. « Un whisky » commanda Monsieur Bouchard. Il avait un air mystère, ce Monsieur Bouchard, que personne à Trois-Pistoles n’arriva à comprendre.

« Eh, c’est qui ça? L’homme au bar avec le visage glacial », demanda Madame Bovary, une veuve Française qui est venue à Trois-Pistoles pour rester avec sa sœur après la mort de son mari.

« Ah, le vieillard? C’est Claude Bouchard. Son visage est toujours comme ça. Il est un homme avec une personnalité vraiment pourrie. Ça fait une dizaine d’années que j’habite en face de lui mais il ne m’a jamais dit un bonjour » répondit sa soeur.

Monsieur Bouchard prend une gorgée de son whisky et regarde dans son verre avec un œil inexpressif. Il n’y avait aucune trace de bonheur sur son visage.

« Il a l’air d’un homme avec une histoire triste. Est-ce qu’il habite seul? »

« Oui. J’ai entendu que sa femme l’a quitté il y a plusieurs années. Il a un fils qui habite à Rimouski, mais il refuse de le voir ».

« Quel dommage. Sais-tu pourquoi ils se sont séparés? ».

« On dit qu’il n’arrivait pas à oublier son premier amour ».

« La connais-tu, son premier amour? ».

« Ben non. On m’a raconté des histoires de la femme avec qui il est tombé en amour, mais je n’arrive pas à les croire. Ils y en a ceux qui disent qu’elle était une sirène ».

« Une sirène? Mi femme, mi poisson? Ça doit être de la fiction!».

« Je sais pas. Il est un peu fou, le vieillard. Et il boit trop. On dirait qu’il est alcoolique pitoyable avec un aspect d’un indécrottable romantique ».

Monsieur Bouchard se dirigea vers le jukebox, chassant les adolescents qui l’occupaient avec sa canne. Il mit des pièces de vingt-cinq sous dans la machine et une chanson que personne dans la bar reconnaissait commença à jouer.

Un petit sourire apparait sur son visage, caché derrière son moustache blanc. Il ferme ses yeux verts sombres qui pétillaient à chaque fois qu’il entendait la chanson – leur chanson. Son doigt index marque le rythme de la musique, et la chanson le ramène au passé – l’été de l’année 1958.

Claude Bouchard avait vingt-cinq ans quand il est revenu à Trois-Pistoles après avoir fini son baccalauréat à Laval. Un soir, après le souper, il pris son vélo au quai pour voir le coucher de soleil et il fit une sieste sur les roches. Quand il s’est réveillé, le soleil fut couché et il faisait noir.  

Soudainement, il entendit la voix d’une femme provenant de l’eau qui chantait une jolie chanson. C’était une jeune femme qui nageait dans le fleuve – la plus belle femme qu’il n’ait jamais vue. Elle avait des cheveux longs et bordeaux qui luisaient dans le clair de lune.

« Salut », dit la voix.

Claude regarda autour de lui. Il n’y avait personne d’autre.

« Bonsoir », répondit-il. « T’as pas froid? L’eau doit être glaciale ».

« C’est bon. Je suis dans l’eau depuis ma naissance ».

« Ah, alors t’es un loup de mer? »

La jeune femme haussa les épaules. « Tu pourrais dire ça. Comment tu t’appelles? ».

« Claude Bouchard. Et toi? ».

« Arielle ».

Ce fut le coup de foudre.

Depuis cette nuit, Claude allait lui rendre visite tous les soirs. Il aimait bien Arielle, et il aimait écouter sa belle voix qui chantait toujours la jolie chanson qu’il a entendue la première fois qu’ils se sont rencontrés. Il n’y avait personne d’autre comme Arielle à Trois-Pistoles. Elle était à la fois mystérieuse et élégante.

Un soir, il décida de l’inviter au bar, mais elle refusa.

« Je ne peux pas » dit-elle en secouant la tête. « J’appartiens dans l’eau ».

Claude n’arriva pas à comprendre, mais ses amis l’attendaient à Chez Boogie. Il commença à marcher tout en réfléchissant à la conversation qu’il eut avec Arielle. Il s’arrête. Il se rendit compte qu’il ne l’avait jamais vue sur terre, même pas ses pieds. Claude se retourna et se dirigea vers l'eau.

Arielle nageait vers la direction de l’île. De loin, il pouvait voir quelque chose dans l’eau qui bougeait et qui reflétait la lumière de la lune.

C’était les écailles de la queue d’Arielle.

« Arielle? » s’exprima Claude avec incrédulité.

Arielle se retourna et le regarda. Elle sourit à Claude et en un clin d’oeil, elle disparut dans l’eau. Ce fut la dernière fois que Claude a vu Arielle.

La chanson s’arrête. Monsieur Bouchard ouvre ses yeux et il se retrouve dans le bar. Son sourire disparaît. Il boit la dernière gorgée de son whisky et reprend son parapluie.

Il arrive au quai. Il est une nuit tranquille, et on n’entend que le bruit des vagues sur les rochers et la pluie qui tombe sur le béton. Tout d’un coup, il entend la chanson. Il entend la belle voix d’Arielle, provenant de l’eau – la voix qu’il n’arriva pas à sortir de sa tête les cinquante dernières années.


Les yeux verts sombres de Monsieur Bouchard élargissent et pétillent encore. Comme il marche près de l'eau, le son de la voix mélodique d'Ariel devient plus fort. Il arrive au bord du quai et la chanson s’arrête. Monsieur Bouchard laisse tomber sa canne et sa parapluie et se jette à l’eau.  



Bonne lecture!

Bisous xoxo

- J


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